mardi 14 mai 2013

A la rencontre de la poésie



Du 2 au 4 mai dernier s'est tenu à Port-au-Prince un colloque international sur la poésie: La poésie haïtienne dans le contexte latino-américain et caribéen -- La Place de Georges Castera fils. J'entends souvent les gens se plaindre du manque d'activités culturelles dans la ville. J'avoue que je ne comprends pas trop de quoi ils parlent. Il me semble ne jamais avoir assez de temps pour assister à tout ce qui est offert -- surtout quand on tient compte des embouteillages! Ainsi, les Rencontres Québécoises (ne serait-ce pas plutôt Rencontres Haïtiano-Québécoises?) se sont déroulées durant les mêmes jours que le colloque Castera, comme je l'appelle. J'ai donc seulement pu assisté à un seul des panels qui se sont organisés dans le cadre de ces Rencontres, celui sur la littérature jeunesse. Panel fort intéressant d'ailleurs, qui m'a donné envie d'aller à la découverte des livres de Sonia K. Laflamme, surtout. Il parait qu'elle écrit des romans policiers et on ne peut jamais en avoir trop.

Par contre, j'ai assisté a tous les panels à l'exception d'un seul du colloque Castera (il fallait bien consacrer un peu de temps à ma fille!) et vous livre donc quelques impressions. Impressions pas du tout objectives, d'ailleurs, étant donné que j'étais membre du comité scientifique et ai aussi participé a quelques-unes des réunions d'organisation en plus d’être parmi les intervenants. 

La cérémonie inaugurale a eu lieu dans la soirée du mercredi 2 dans une ambiance chaude et chaleureuse! Les discours de circonstance ont été prononcés par Dominique H. Riboul de la Fondation Culture Création, l'institution organisatrice, Fritz Deshommes de l'UEH et Jacky Lumarque de l'UniQ, les deux universités associées au colloque. On a eu droit à d'excellentes prestations de Tamara Suffren et Boulo Valcourt. Pierre Brisson et Georges Castera ont lu des poèmes, en faisant alterner humour et gravité. 

L'aspect scientifique du colloque a commencé jeudi matin à l'Ecole Normale Supérieure. Joel Des Rosiers était le conférencier invité et a évoqué le style tardif. Un débat passionné a suivi cette première séance qui comprenait aussi un panel constitué par Christiane Ndiaye et Renauld Govain. Il y avait moins de monde à la séance de l'après-midi à la Faculté d'Ethnologie. Etant malade, Gary Augustin n'a pas pu venir, ce qui était dommage. Les dessins de Georges Castera constituent une partie de son oeuvre dont on ne parle pas assez. Pour ma part, j'ai évoqué un autre aspect plutôt méconnu de l'oeuvre de Castera, ses textes critiques. 

assistance le vendredi matin
Les séances du vendredi se sont déroulées à l'Université Quisqueya. En tant que conférencier invité Roger Toumson a évoqué les différentes correspondances existant entre différents artistes caribéens et a surtout Aimé Césaire. Lors de la séance de l'après-midi, un des intervenants n'est pas venu et le deuxième était en retard. Mais Georges a pris la parole, en parlant un peu de son travail poétique et en répondant à des questions du public, donc on était quand même gâtés!


Dans la soirée du 3 mai, on a eu droit à un Vendredi littéraire spécial dont Georges Castera était l'invité d'honneur. Plusieurs participants des Rencontres Québécoises y étaient aussi et ont partagé leurs textes avec l'assistance. Pierre Nepveu, Elise Turcotte et André Roy, par exemple. Wooly St. Louis Jean a interprété plusieurs textes de Castera mis en musique par lui ou d'autres musiciens. Pierre Brisson nous a encore gratifié de sa lecture de quelques poèmes. Les nombreux enfants du quartier constituent aussi une présence à signaler! 

Les trois interventions du samedi matin à la Faculté de Linguistique Appliquée ont offert des éclairages différents sur la poésie de Castera. Il y a eu aussi débat sur les termes utilisés entre littéraires et linguistes. En général, la discussion a donné raison au conférencier invité Claude Pierre quand il évoquait la polysémie du texte en partant d'une toute nouvelle publication de Castera: Sodo. L'intervention de Bonel Auguste sur le poids de Georges Castera sur les autres poètes a interpellé plusieurs personnes dans la salle. 

C. Ndiaye
En général, les discussions ont été animées tout au long du colloque avec des questions sur l'élitisme de la poésie, sur le statut du créole, sur la religion... Les différentes remarques de Christiane Ndiaye et Roger Toumson ont bien enrichi les différents débats, chacun de leur manière. Plusieurs participants de pays étrangers ont exprimé leur surprise de voir tant de personnes assister à un colloque sur la poésie et en plus prendre la parole sans être intimidés par les éminents chercheurs et écrivains dans la salle. Pour moi, c'est tout à fait normal et c'est tant mieux. 
R. Toumson

Le colloque m'a donné l'occasion de visiter différents établissements d'enseignement supérieur de Port-au-Prince affectés par le séisme du 12 janvier 2010. C'est réjouissant de les voir se remettre tant bien que mal et de constater la vivacité de la vie intellectuelle qui s'y trouve.  Mais c'était aussi triste pour moi de confirmer que l'état de l'ENS est bien lamentable par rapport aux autres facultés.

Voilà, j'espère que ces quelques impressions sur le colloque Castera pourront intéresser ceux qui n'ont pas eu la chance d'y assister en attendant la publication des Actes du Colloque. Si jamais d'autres participants veulent ajouter leurs commentaires ou rappeler ce que j'ai pu oublier, vous êtes les bienvenus!  Si vous avez des photos, ce serait encore mieux! 

Pour ceux qui persistent à dire qu'il n'y a rien à faire dans la ville, je vous donne quelques liens à consulter de temps à autre, et n'oubliez pas notre calendrier à nous: FOKAL, Institut Français d'Haiti, Centre Culturel Anne-Marie Morisset, Manman Pemba

NM