mercredi 29 décembre 2010

Une année académique comme les autres…

En cette dernière semaine de l’année, je pense à l’année académique qui elle, vient tout juste de commencer. Avec tous les problèmes qu’a connu Haïti l’année dernière, ce n’est qu’en octobre que j’ai pu boucler mes cours de l’année académique 2009-2010. Donc, ce n’est qu’à la première semaine de décembre que j’ai commencé les cours de l’année 2010-2011. Et depuis, les cours ont été interrompus par des manifestations post-électorales et maintenant les vacances de fin d’année. Il y avait aussi une rareté d’essence sur le marché, mais j’ai pu quand même me rendre à l’ENS. Avec tout ça, on serait peut-être tenté de dire que cette année académique s’annonce comme particulièrement difficile, mais je me rends compte qu’en fait, chaque année vient avec son lot de problèmes et on fait avec. (On est bien obligé, comme je l’explique dans ce court texte.)


Je travaille avec les étudiants de première et deuxième années du département de Lettres Modernes. Dans nos nouvelles structures en bois, sans portes. Vous pouvez donc imaginer le bruit des tap-taps qui passent avec leur musique stridente, les klaxons des voitures, les gens qui crient. En plus, bien que la majorité des livres de l’ENS ait survécu au séisme, la bibliothèque de l’école n’est pas encore fonctionnelle, faute d’espace. Vous imaginez bien une faculté sans bibliothèque ? Un cours de littérature se faire sans que les étudiants aient libre accès aux livres? Et pourtant, en dépit de tout ça, on travaille. On fait comme on peut. Et ce n’est pas si mal. Le début d’une année académique charrie tant de possibilités, tant d’ouvertures sur le monde. Je me rends compte qu’en dépit de tout de ce qu’on a vécu cette année, et tout ce qui se profile à l’horizon, ceci n’a pas changé. Et c’est tant mieux.

Les deux cours que j’offre ce semestre sont :
Introduction à la littérature francophone de la Caraïbe. Dans ce cours, on lit des extraits de la Revue Indigène, Le Cahier d’un retour au pays natal, L’Éloge de la Créolité. On discute du réalisme merveilleux et du spiralisme et des auteurs comme Léon-Gontran Damas et Frankétienne.
La littérature haïtienne contemporaine. Cette année, j’ai pris l’enfance comme thème pour ce cours. Le choix de textes est toujours difficile car il y en a tellement d’intéressants et de pertinents. En plus, il faut choisir des livres disponibles dans la bibliothèque de l’ENS (ce qui n’est pas possible cette année !) ou que les étudiants peuvent se procurer pour pas trop cher, donc des textes publiés en Haïti en ce qui concerne les romans.  Malheureusement, étant donné que le semestre est écourté, on lira moins de textes. Quelques nouvelles : « Alawonnbadè » de Cynthia Bastien (2005), « Lucette » de Paulette Poujol-Oriol (1991) et « La Folie était venue avec la pluie » de Yanick Lahens (2006) et deux romans: L’Odeur du café de Dany Laferrière (1991) et  Le Mirador aux Etoiles d’Evelyne Trouillot (2007).

J’ai hâte de reprendre les conversations déjà entamées. En attendant, je vous souhaite à tous un 2011 bien meilleure que 2010. 


NM

lundi 20 décembre 2010

Haiti Classes Conclusion

A couple of weeks ago a representative from my university's publicity office contacted me about doing a feature on Haiti for the faculty and staff publication.  We had a great conversation about my disappointment with US media images about Haiti since the earthquake, teaching classes about Haiti,  the potential for university collaborations between the US and Haiti, and my research and advocacy  on work sexual violence.  You can read the article that came out of our conversation here. 

This conversation took place at the end of the semester and thus the conclusion of my two classes on Haiti,  "Haiti Cherie:  Haitian Literature and Culture" and the interdisciplinary "Haiti and Globalization: Haitian Studies 101."  I am still finishing up my grading, so here are just two observations based the experience and my conversations with students throughout the semester.

Teaching about Haiti in the USA setting demands an interdisciplinary approach.  While one class was rigorously interdisciplinary, the other was mostly poetry and novels with a few articles interspersed throughout.  In this class students did not have as complete [if there is even such a thing as this] a picture or a context for some of the issues brought forth in the texts.  Because I tend to emphasize class discussion rather than lecturing I did not spend as much time as I could have filling out the whole picture.  This was far easier in the other class because we read:  Laurent DuBois' Avengers of the New World:  The Story of the Haitian Revolution,  Robert Fatton's Haiti's Predatory Republic, Paul Farmer's The Uses of Haiti and excerpts from Beverly Bell's Walking on Fire:  Haitian Women's Stories of Survival and Resistance and the collection The Butterfly's Way:  Voices from the Haitian Dyaspora among others.  We also read fiction:  Marie Vieux-Chauvet's Love, Anger, Madness, Edwidge Danticat's The Dew Breaker, and Rene Philoctete's Massacre River in addition to several poems.  In large part because of this wide range of texts, the students in the interdisciplinary class had more points of access and could discuss these texts from a broader range of perspectives.  Interestingly, most of the students in this class were also of Haitian descent which also changed the conversation significantly.  It was important to me to be able to provide this type of space for these students so that they can understand the difference between being part of a culture, and how a humanities curricular approach could assist them in learning more to offer a completely different point of view.  Judging from the number of emails and comments that I received at the end of the semester that more or less stated "I never realized how much I didn't know about Haiti," I do think this approach worked!

The other observation is about how important it is to expose students to different ways of thinking about cultures in contexts outside of the classroom.  I think next time I teach the class I will definitely incorporate a required "community" component that has students interact with some of the Haitian organizaitons in Boston or attend an event.  I did suggest to them that they do so for extra credit, which is probably why no one took me up on it...But I do think that having students move outside of the classroom to learn about materials they encounter on the written page or through films significantly expands and enriches their perspectives on the topic.  To me this is another way of learning through immersion, which pedagogically produces such great results.

As I mentioned in my previous post about these classes, figuring out what to teach in 13 short weeks is always a challenge especially given my desire to provide as nuanced a vision of Haiti as possible.  There were many texts I had to take out as the semester went on, and some things I wanted to do but did not get a chance to.  That being said, I am really looking forward to teaching both of these classes again and adjusting the content to make them even better in the future!

RMJC

dimanche 19 décembre 2010

Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2010 attribué à Evelyne Trouillot

Le weekend dernier, le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2010 a été décerné à Evelyne Trouillot pour son roman La Mémoire aux abois, dont vous pouvez lire le compte-rendu ici. Nous vous invitons à lire la déclaration des membres du jury ainsi que le texte de remerciement de l’auteur.




Gosier, le 17 décembre 2010
Déclaration des membres du jury du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde :
• Pour : l’originalité avec laquelle sont convoqués les tremblements de l’Histoire et des histoires dont les
soubresauts n’ont pas fini se secouer nos imaginaires caribéens,
• Pour : la Retenue, la Tendresse, les Silences , les souffles, qui sont dévoilés tout en Intérieur et qui révèlent les énigmes des destins,
• Pour : ces voix qui assiègent, qui résonnent et qui ne proposent pas de solutions établies, et qui simplement invitent le lecteur à vivre avec les malédictions de nos passés,
• Pour : une littérature dans laquelle les écrivaines se distinguent de plus en plus et qui offrent des perspectives inattendues, imprévisibles,
• Pour : un roman vivant qui libère une esthétique fragmentée et indirecte, à la limite de l’Inextricable,
le Jury du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde réuni en Guadeloupe cette année décerne son Prix à Mme Evelyne Trouillot pour son roman « La mémoire aux abois », roman publié aux éditions Hoëbeke dans la collection Etonnants voyageurs dirigée par Michel Le Bris en mai 2010.  


Message de remerciement par Evelyne Trouillot:

« L’homme n’est jamais seul alors que je vous parle et que vous m’écoutez », nous dit le poète haïtien René Philoctète. Nous ne sommes pas seuls et la parole, le langage, la poésie nous unit. Un prix littéraire de la Caraïbe et du Tout-Monde casse les frontières et les renoue autrement. Bouleverse les stéréotypes et les clichés pour regarder le monde d’une autre perspective en déplaçant les centres et renversant les périphéries pour former de nouveaux centres. Autant de centres que de paroles.
Le centre d’où j’ai choisi d’écrire je le situe à Anse-à-Foleur, curieux petit village au nom frondeur du nord-ouest d’Haïti où la mer monte à l’assaut des images et où le vent s’offre aux caresses des enfants, comme un poème en devenir. Je l’ai choisi au hasard d’une promenade et depuis, il habite mon imaginaire lorsque j’écris quelque soit le lieu où je suis. Lorsque j’écris, je suis seule sans l’être vraiment.
Aujourd’hui, je suis riche d’une multitude de douleurs, car l’année 2010 a pour mon pays multiplié les catastrophes, frappant, heurtant avec des pauses à peine perceptibles. Une année tumultueuse et interminable, et je ne peux prendre la parole sans penser aux compatriotes disparus, aux survivants meurtris dans leurs esprits et dans leurs chairs. Je suis riche de beaucoup de larmes, je suis pleine de colère et de résolution. Et si je parais seule devant vous, ma tête est haute et digne parce que mes pas s’alignent sur d’autres pas.
De mon village au nom frondeur que je garde en moi comme un talisman de beauté, de révolte et de dignité, je suis riche de toute la puissance du monde : du courage des femmes afghanes, des cris des mères en deuil des quartiers démunis de Chicago, des bruits de vague houleuse des jeunes du Cap-Haïtien. De mon village au nom frondeur qui m’habite j’arpente le monde et les êtres.
Recevoir le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout Monde c’est placer Anse à Foleur au coeur de la Caraïbe et du monde. C’est une fois de plus déplacer le centre, bousculer les pouvoirs et revenir à l’essentiel, à cet humain qui est en chacun de nous et qui donne à « la plus petite larme d’un peuple valeur d’éternité ».
Aujourd’hui je pense à celles et à ceux qui ont péri pendant la dictature, celle de Duvalier ou d’un autre, qu’importe. Elles creusent toutes les mêmes blessures, enfantent les mêmes horreurs. Je pense à ceux qui y ont opposé leurs poings levés, leurs pleurs, leurs éclats de rire et leurs rêves. Je pense à tous ceux et à toutes celles qui se sont accrochés à la vie et à sa beauté toujours palpitante. C’est en pensant à eux que je reçois ce prix car la plus petite parcelle de bonheur et de dignité mérite d’être partagée.

samedi 11 décembre 2010

New Book Review!

Martin Munro, Edwidge Danticat: A Reader’s Guide. Charlottesville: University of Virginia Press, 2010, 222p.


Martin Munro opens the introduction to this volume with a question: “when you go to a bookstore to look for something by Edwidge Danticat, which section do you go to first?” (1). Would it be Caribbean literature? African American? Ethnic? Women’s literature? The first part of the guide goes about answering those questions in different ways. Michael Dash examines Danticat’s connections to her Haitian precursors. Carine Mardorossian explores how Danticat fits in with other women writers from the Caribbean. She states that "[Danticat] thus deliberately develops a 'poetics of location' in which one's privileging of a particular and 'coherent' cultural space does not hinder Relation but provides the very condition for it. In this process of identification, the opposition between nation and transnationalism dissolves to reveal the inextricable imbrication of the two" (47). To me, this particular view of Relation is essential to understanding a work such as Danticat’s, or any work, for that matter. I remain wary of the idea that writers are beyond categorization. Although we may choose to ignore certain classifications at times, or not let them overshadow the text itself, they are always there, informing our readings. For Munro, "While this in-between situation may be seen as a loss of identity for Danticat (as for many other exiled authors), it is also a kind of liberation in that she is free from many of the constraints and expectations that direct, unambiguous attachments bring" (4). Yet, Munro himself acknowledges that Danticat does not consider herself to be an exile. She can and does go "home" whenever she wants.

Head on over to the book page to read the rest of the review!