La question de représentation haïtienne est d’actualité ces derniers temps. Wyclef Jean voudrait avoir le droit de représenter Haïti au plus haut niveau – même sans tenir compte des prescrits légaux du pays. La semaine dernière, Sarodj Bertin à participé à la phase finale du concours Miss Universe à Las Vegas aux Etats-Unis. Le problème est qu’il n’y a pas eu de concours Miss Haiti, mais plutôt une sélection à laquelle a participé Jean Bertin, le père de la « gagnante ». Donc, Sarodj Bertin, elle aussi, a choisi de représenter le pays, sans tenir compte des principes de base de l’éthique.
Les questions de légitimité dans le cadre d’une compétition spécifique sont assez faciles à résoudre. Pour être éligible à la présidence de la république, Jean doit avoir vécu au moins cinq ans dans le pays et Bertin doit avoir participé à un concours et non à une sélection pour être légitime comme Miss Haïti.
Là où le problème devient plus difficile est quand il ne s’agit plus de concours ni d’élections, mais de la vie de tous les jours. Qui a le droit de parler pour les Haïtiens ? Au nom des Haïtiens ? Et qui désigne ces représentants ?
En dépit de ce que les médias étrangers voudraient nous faire croire, tous les Haïtiens ne se ressemblent pas. Déterminer « l’opinion haïtienne » est une opération aussi délicate que de vouloir déterminer l’opinion américaine ou française, d’autant plus que dans le cas d’Haïti, on n’utilise presque jamais les statistiques.
De même qu’on ne fait pas appel aux statistiques pour affirmer qu’il n’y a pas de classe moyenne en Haïti. Dans quelle catégorie ranger les professeurs et médecins et fonctionnaires et agents de police ? Seraient-ils tous riches ? Tous pauvres ? Mystère.
Les différentes discussions soulevées par les cas Wyclef Jean et Sarodj Bertin montrent l’urgence d’analyser les critères selon lesquels on rejette ou confirme l’identité haïtienne de chacun : son phénotype, les langues parlées, le niveau de langage, sa classe socioéconomique, son niveau d’éducation, son lieu de naissance, son lieu de résidence, le passeport qu’il détient.
En insistant à ce que les Haïtiens correspondent tous à une seule image, on nie la grande diversité de la population haïtienne. Si pour être authentique, un Haïtien doit être pauvre et illettré, il n’y a aucune raison de changer l’état actuel de la majorité de la population. Trouver des solutions à la misère impliquerait la destruction de l’identité haïtienne. Un tel raisonnement est certes absurde. Il faudrait donc des réflexions sérieuses autour de l’identité haïtienne et de ses différentes composantes. Il ne s'agit pas de nier que Wyclef Jean et Sarodj Bertin sont des Haïtiens authentiques, mais de dire qu’en tant que tels, ils devraient montrer un peu plus de respect pour les institutions du pays et sa population.
NM
Ah oui! La vérité blesse, dit-on.
RépondreSupprimerCertes, cette perception prépondérante et , peut-etre même, dégradante que vous avez décris avec tant d'élégance est prévalante chez ceux qui ne connaissent bien pas notre pais. Evidemment, ils ne sont pas les mieux places pour avoir une quelconque.
I'l va falloir, a mon avis, une vrai révolution pour s'en débarrasser; celle-ci au niveau de la pensée tout en adressant nos besoins littéraires et sociaux. L'évolution n'est jamais en conflit avec l'identité. En faite, l'évolution d'un peuple doit être basée sure son identité nationale, une force pesanteur autour de laquelle les idées bourgeonnent et se croissent.
En ce qui concerne a la naivete de nos deux amis. I'l faudrait mieux apprendre les règles du jeux avant d'y participer. Ils avaient de bonnes intentions, certes. Hélas, le savoir n'en a rien a voir.
Merci pour votre analyse.
Rap,