mercredi 12 décembre 2012

Rideau!

Du 26 novembre au 9 décembre s'est tenu la 9ème édition du Festival Quatre Chemins. 9ème édition déjà? Eh oui, depuis 2003, le Festival Quatre Chemins s'est imposé dans le domaine du théâtre haïtien. Cette année constitue la vraie reprise du Festival après le séisme du 2010, avec environ une dizaine de lectures et de pièces offertes au public. Malheureusement, le public était assez restreint. Comme d'habitude, il n'était pas du tout facile de trouver des cartes pour les spectacles. Les cartes étaient disponibles à l'Institut Français d'Haiti à partir du lundi 26 novembre. Quand j'y suis allée le matin du mercredi 28, il n'en restait que très peu et pas du tout pour les spectacles d'enfants. C'était la même situation à la FOKAL. Mais j'ai pu quand même en avoir quelques-unes. Et j'ai pu heureusement emmené ma fille voir l'un des spectacles pour enfants. On est arrivé sans cartes, on s'est croisé les doigts et la chance était de notre coté. Heureusement parce qu'elle était un peu jalouse de mes soirées théâtrales!

Carline Colagène et Gaëlle Bien-Aimé
c. Josué Azor
La première pièce à laquelle j'ai assisté était Le Jeu de l'amour et du hasard, mis en scène par Jean-René Lemoine. La pièce était superbe. Les comédiens étaient convaincants, surtout Carline Colagène qui était d'un naturel époustouflant dans le rôle de Lisette. Le texte de Marivaux dans lequel deux jeunes de famille bourgeoise changent de place avec leurs servants pour voir s'ils peuvent être aimés pour eux-mêmes renvoi de façon évidente à la société haïtienne contemporaine. En sortant de la salle à la fin du spectacle, un membre non-haïtien du public a fait le commentaire que les Haïtiens avaient bien apprécié la pièce mais que de toute façon cette situation ne serait jamais possible en Haiti. On se demande si elle le serait dans la France de Marivaux. La force de la pièce réside justement dans le fait que Marivaux met son public face à une situation impossible, en les poussant à s'interroger sur les raisons de son impossibilité. 

Voir la pièce m'a donné envie de relire le texte (les jours de préparation des examens oraux pour l'obtention du doctorat sont bien loin!). Ce serait un exercice intéressant que de relire certaines pièces en les replaçant dans un contexte haïtien. Trop souvent, les cours traditionnels de littérature présentent les textes comme étant figés à tout jamais dans leurs lieux et espaces originaux de production. Mais on peut toujours les réactualiser. Le théâtre reste dynamique. Le Roméo et Juliette de Shakespeare a inspiré West Side Story. Sa Tempête  a inspiré Une Tempête d'Aimé Césaire. Je n'ai jamais oublié la représentation du Tartuffe de Molière que j'ai vu joué en France à la Cartoucherie. Ariane Mnouchkine avait décidé de placer le texte en Algérie

Quelques jours après Le Jeu de l'Amour et du Hasard, j'ai vu La Fuite, une mise en scène de Billy Elucien sur un texte de Gao Xingjian. C'est une habitude au Festival Quatre Chemins de faire attendre le public dehors assez longtemps avant de les laisser entrer en salle. Après cette première attente au dehors, on est entré dans l'obscurité pour attendre un peu plus avec un bruit de fond pour créer l'ambiance. Le problème c'est que cette ambiance a duré un peu trop longtemps. Et malheureusement, la sonorisation à la salle de Sainte Rose de Lima était de très mauvaise qualité. On n'a pas eu droit comme à la FOKAL aux annonces nous rappelant d'éteindre les portables. Ce qui était dommage parce qu'il y avait beaucoup de personnes qui avaient manifestement oublié. La porte s'est ouverte de nombreuses fois pour laisser entrer les retardataires. Il était très difficile d'entendre les comédiens, surtout que le public ce soir-là était particulièrement bavard, voulant rivalisant avec les joueurs sur scène. (Il y a eu aussi beaucoup de rires lors du spectacle, qui n'était pourtant pas une comédie.) On a du finalement éteindre la ventilation dans la salle pour favoriser le son, mais le public avait alors très chaud. Vous comprendrez que tout ceci a fait que les conditions n'étaient pas réunies pour que le spectacle soit une réussite. Le jeu des comédiens n'était pas très convaincant et si le premier spectacle m'a donné envie de relire Marivaux, celui-ci ne m'a pas du tout donne envie d'aller à la découverte de l'auteur. Mais un festival, c'est aussi ça, de bonnes expériences et de moins bonnes. C'est un apprentissage pour les comédiens,  les metteurs en scène et tous ceux qui sont impliqués dans la production des pièces, mais c'est aussi un apprentissage pour le public. Pour qu'il sache ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas et pourquoi. Pour qu'il sache aussi comment se comporter en salle de spectacle.

c. Josué Azor
C'est pour cela qu'il est tellement louable que les organisateurs aient pensé à inclure des spectacles pour enfants. Malheureusement, je n'ai pu assister qu'à un seul: Le pays de rien. C'était un spectacle pour enfants, avec la participation des enfants. Le décor ainsi que les costumes étaient assez simples, mais très agréables à voir. Le texte était facile à suivre pour les enfants, mais quand même porteur d'idées. Un spectacle qui donne envie de continuer à côtoyer le monde du théâtre. Il parait qu'il en était de même pour le spectacle Le Chevalier de l'eau présenté par la troupe Actelier théâtre création du Centre Culturel Pye Poudre. Et je dois dire que cela a fait du bien de voir des anciens de l'ENS parmi les comédiens et metteurs en scène. Et de voir d'actuels étudiants dans les salles!

C'est bien que le Festival Quatre Chemins soit de retour. Mais comme quelqu'un m'a dit lors de la pièce de Marivaux, c'est un festival qui crée des frustrés. On aimerait tellement pouvoir tout voir. Il y a tellement de gens qui seraient intéressés à assister aux différentes représentations. Il faut penser à multiplier les endroits de représentation pour pallier au manque de salles de spectacle. Les organisateurs y pensent déjà avec l'inclusion dans le Festival de la Brigade d'intervention théâtrale haïtienne. J'espère qu'ils vont continuer sur cette voie pour s'assurer que le maximum de personnes puisse participer à une aussi belle initiative. 

NM

dimanche 25 novembre 2012

Dondé están los haitianos?

When I was a graduate student I spent a summer in Dakar, Senegal where I did research on Haitian writers living there.  I interviewed the wonderful Lucien and Jacqueline Lemoine and had the opportunity to see one of M. Lemoine's plays at the national theater.  I conducted research in the National Archives where I discovered more details about the Festival International des arts nègres in 1966. I traveled to Touba Dialw where I saw the art of Gerard Chenet who I also interviewed and spent some time with.  This time in Dakar was my first experience with "field research" and "archival research" methods that have become increasingly integral to literary studies in the case of the latter, and less practiced but still done in the case of the former.  I began knowing exactly what I was looking for at the time, but not sure how the project was going to take shape in the future.  I began simply, perhaps somewhat naively merely asking people if they were familiar with any Haitians living in Dakar.

I share this experience now because last week at the American Studies Association in San Juan Puerto Rico, I had hoped to do similar work on "los haitianos."  Unfortunately time, conferencing and a sweet surprise visit from my beloved did not allow!  What I did happen upon, however was a "Haitian Gallery" in Old San Juan.  When I spoke to the person at the desk about its Haitianness the following interaction ensued:

Me: Wow all this art is Haitian?
Him: (shaking his head) No, of course not.
Me: (confused) Then why is it called Haitian Gallery?
Him:  Well it began as a Haitian Gallery but now we get art from all around the world, this mask is from Polynesia for example...
Me: (disappointed and slightly annoyed) Oh...welll...okay 

That being said I did get some nice pictures of the inside! I was reminded of my previous post about cultural consumption, who consumes Haitian art, when, where and what does it mean.  Haitian art is certainly well known throughout the world, what are some different ways it is being used, consumed  and represented outside of Haiti?  When we talk about "outside of Haiti" we also need to carefully distinguish between how this consumption translates across cultures.  How is Haitian art received or appreciated in Puerto Rico or other parts of the Caribbean, in Bénin, Nigeria, or other parts of the African continent, or in France and Spain and other parts of Europe?  I don't have definitive answers to any of these questions, but it is something I thought about a lot after my encounter in this Puerto Rican "Haitian Gallery."


RMJC 

mercredi 31 octobre 2012

Teaching Haiti

It's the last day of October! Generally, we like to produce about two blog posts per month. And suddenly I find myself with only a few hours left to write something. I don't know where the time went! Well, I do, actually. October is always a busy month for me as it's the start of our academic year, so I've been busy prepping classes. Also, Regine and I will both be at the 24th annual Haitian Studies Association conference in New York in a couple of weeks. There are so many fantastic panels and presentations lined up, I am sure I will be frustrated by everything I'll be forced to miss. In addition to the roundtable where we'll be talking about this here blog, I'll be presenting on my experience as a teacher in Haiti. That paper is currently a work in progress. I thought I'd give you all a preview. Feel free to weigh in and help me shape my paper!

The title of my talk is A Haitian Reflects on Teaching Haitian Literature in Haiti. My co-panelists, Kate Ramsey and Alyssa Sepinwall, will be talking about their experiences teaching about Haiti in other communities.

I was a double major in college: French and English. I love books--  love reading them, love talking about them. I just couldn't decide which literary tradition to specialize in. Then I spent a semester in Paris and took a course with Jacques Chevrier on Francophone African literature. When I returned to Baltimore, I did an independant study on Haitian literature. It became obvious that that was what I wanted to spend my time on: reading and studying Haitian literature. But at that time, I honestly had no idea where I'd be researching and teaching Haitian literature. 

Now that I've been teaching at the Ecole Normale Supérieure of Haiti's State University for about a decade while also participating in conferences and projects on Haitian literature elsewhere around the world, it is clear to me that context has a huge impact on what happens in the classroom, even if the content is ostensibly the same. 

So, here are a few particularities of teaching Haitian literature in Haiti that I plan to highlight in my talk. And I know some of them are pretty obvious:

  • There is no need for me to introduce or contextualize Haiti at the start of each semester. Big relief there!
  • I teach texts written in French as well as texts written in Creole. I'm not sure that'd be possible if I worked in a French department, but I'm housed in Modern Letters.
  • My students have usually heard of all of the authors I teach. They've met some of them and even had them as teachers. The books and authors are real to them in a way they might not be to other students. 

Of course, some  particularities are not positive ones:

  • The physical learning environment is pretty atrocious -- open classrooms with no doors, broken chairs and no sound insulation. In fact, the ENS is yet again involved in a campaign to get authorities to improve our working conditions.
  • I have to be creative in terms of syllabus building, since access to the library is often iffy and a lot of the books I'd like to teach are not affordable. We use a lot of photocopies.
  • Lack of diversity. We don't usually have the benefit of a wide range of perspectives in the classroom. We tend to come at the text from similar places, although my job as teacher is to help students consider other viewpoints. 

I hope these seem like good starting points for my paper. Any ideas on what I should add? What have been some of your experiences teaching or learning about Haiti?

NM

vendredi 12 octobre 2012

La rentrée: pour l'enseignement de l'esclavage


Le mois de septembre est terminé, mais je voudrais quand-même marquer la rentrée scolaire ici aux Etats-Unis...alors, permettez-moi de partager quelques points de réflexion sur le premier roman sur mon syllabus—Rosalie l’infâme de Evelyne Trouillot. Publié en 2003 ce roman se situe à Saint Domingue au 18e siècle. Plus spécifiquement, c'est l'année 1750--la période de l'esclavage.  Enseigner ce roman m'a donné l'occasion de réfléchir en profondeur sur les représentations de l'esclavage dans le contexte haïtien et comment enseigner l'esclavage dans un cours de littérature et culture francophone aux Etats-Unis. 

Evelyne Trouillot fait un travail méticuleux pour rendre la vie quotidienne de l’esclave.  Son objectif de montrer l’horreur de l’esclavage ainsi que l’humanité des esclaves individus se réalise avec des personnages pleins de leurs propres pensées et passions.  A mon avis la postface présente un des éléments les plus intéressants du roman. Trouillot y explique qu’elle « ne voulait pas écrire un roman historique », mais malgré ceci Rosalie l’infâme peut être considéré comme un roman historique ainsi que ce que les Américains nomment un « neo-slave narrative ».  Dans son étude  Sites of Slavery:  Citizenship and Racial Democracy in the Post-Civil Rights Imagination (2012) Salamishah Tillet explique que le neo-slave narrative est un genre avec lequel les écrivains et artistes noir-américains essayent de négocier leur identité et citoyenneté américaine au 20e et 21e siècles.  Devant cet état de choses, comment pourrait-on expliquer l’utilisation du « neo-slave narrative » dans le contexte haïtien, autrement dit, que veut dire la représentation de l’esclavage dans le contexte haïtien ?  Comment est-ce que l'histoire de l'esclavage figure dans notre imaginaire contemporain?  En utilisant le sujet du marronnage, Trouillot explore un aspect de cette histoire.  D'une certaine manière le "nèg mawon"  est synonyme de notre compréhension de l'esclavage parce que celui-ci représente la résistance et la liberté préfigurant la Révolution.  Mais Trouillot présente une autre vision qui féminise le personnage célèbre. Ainsi elle nous offre une histoire à la fois familière et complètement ré-imaginée. 

J'enseigne Rosalie dans le contexte d'un cours de littérature des femmes francophones, mais j’imagine un jour peut-être je pourrai créer un cours sur l’esclavage pour aller plus loin dans l’exploration du sujet.  Comment enseigner l’esclavage spécifiquement dans le contexte haïtien ?  Comment éviter la tentation de rester seulement dans la gloire de la Révolution haïtienne sans vraiment rentrer dans les détails horribles de cette institution tellement déshumanisante ?


Pour moi, en tant que prof de français aux Etats-Unis, enseigner l'esclavage aux étudiants qui ne sont pas familiers avec cette histoire particulière (dans le contexte haïtien et français)  a posé un défi supplémentaire.  Beaucoup d’étudiants américains ont lu Beloved de Toni Morrison et plusieurs étudiants français sont familiers avec Ourika de Mme Duras, mais pour ce qui concerne l’esclavage en Haïti et le rôle de la France dans la traite en général, il ont très peu de connaissance.  J'ai ajouté des lectures supplémentaires de  The French Atlantic Triangle : Literature and Culture of the Slave Trade (2008) écrit par Christopher Miller et The Libertine Colony écrit par Doris Garraway.  De même, le dernier livre de Laurent Dubois Haïti: The Aftershocks of History aborde la période avant la Révolution haïtienne. Ces livres m’ont aidé
 à contextualiser l’aspect historique.  Pour la prochaine fois je compte ajouter un film qui pourrait aider les étudiants à visualiser l’époque aussi.  Mes étudiants étaient   profondément touchés par le style de l’écriture, ils ont apprécié la beauté, l’émotion et la passion du roman.  En bref, ce roman leur a enseigné l'histoire de l'esclavage d'une manière plus intime. Ce succès est à cause de l’écriture de Trouillot et son but de rendre à la fois un roman historique et un texte qui humanise l’expérience quotidienne des esclaves. 

Et vous?  Comment est-ce que vous pensez que l'esclavage est présent ou absent dans notre imaginaire haïtien? Comment pourrait-on enseigner cette période avec plus de fidélité et complexité?



RMJC 

dimanche 30 septembre 2012

Ann sonje Limàn Kazimi


Mwa sa a, Atelier Jeudi Soir lanse yon koleksyon ki rele Gwo pèsonaj nan lavi peyi Dayiti. Chak liv sa yo rakonte lavi yon moun ki make sosyete ak kilti peyi nou a. Liv yo ekri an kreyòl ak franse. Yo sitou vize timoun, men granmoun ap jwenn anpil enfòmasyon ladan yo tou. De premye liv ki parèt nan seri a se Mèt Jonas, granmèt baton an Lyonel Trouillot ekri ak Yon fi, yon gita, yon vwa ki rakonte vi Limàn Kazimi. Se Evelyne Trouillot ki ekri liv sa a. Nou byen kontan li dakò pataje kèk ide sou jan l te viv ekriti liv sa ak lektè Tande yo. 




Depi nou kòmanse reflechi sou pwojè  « Gwo pèsonaj nan lavi peyi Dayiti », youn nan premye non ki vini nan tèt mwen se Limàn Kazimi. Se poutèt sa mwen ekri liv sa a : Yon fi, yon gita, yon vwa. Se te tankou li te nan lespri m, li t ap tann okazyon pou li sòti. Se te yon fason pou mwen fè plis konesans ak atis la, ak fanm lan tou.  Mwen te sispèk li pa t ap fasil, men mwen pa t konprann li t ap pote tout fristrasyon sa yo lakay mwen.
Poukisa? Paske enfòmasyon sou gwo michan atis sa a, ki make sèn kiltirèl ayisyen an, pa anpil ditou. E pandan mwen t ap fè rechèch yo, m blije poze tèt mwen anpil kesyon. Poukisa yon atis, yon fanm ki make lavi kiltirèl peyi a pandan yon bon moman, ki kite chante ki vin senbolize Ayiti, pase nan listwa san sosyete a pa make pasaj li? Mwen fouye nan vye jounal, sou entènèt, mwen al vizite moun ki te konnen l, mwen poze yo kesyon. Plis mwen pale ak moun, plis mwen li, plis mwen tande vwa l, plis mwen wè sa mwen te konprann deja : se yon sosyete kote gen diskriminasyon, kote li difisil pou gwoup sosyal yo melanje. Nou tout ki tande l konnen Limàn Kazimi se te yon moun ki te gen yon kokenn chenn talan, men mwen vin aprann tou se te yon moun ki te gen pèsonalite l, ki te gen fyète l. Sosyete nou an, sitou epòk sa a, pat kite anpil plas  pou moun eksprime endividyalite yo.
Yon pakèt detay nan lavi Limàn Kazimi rete flou, ata dat li te fèt, dat li mouri  pa klè, ki maladi li te genyen pa klè, ki kote li te mouri pa klè. Men sa ki sèten e ki dwe fè nou reflechi tou : li mouri nan mizè, li mouri poukont li. Jan poèt Koralen di nan chante li ekri pou Limàn Kazimi a se kòmsi tout moun ki te konn antoure atis la abandone l lè afè l pa bon, lè li tonbe malad. Se pa yon sèl moun ki lage l, se sosyete a ki lage l, ki pa sipòte l. Sa pa vle di Limàn Kazimi se te yon sent, tout sa li te fè te bon, te kòrèk. Se pa jijman map pote sou vi li, m ap atire atansyon sou de pwen enpòtan.  
Premyèman, m ap di pou valè talan atis sa a te genyen, li p at dwe mouri nan kondisyon li mouri a. Malerezman anpil lòt atis ayisyen mouri nan move kondisyon tankou Limàn Kazimi. Sa montre nou pa bay atis nou yo ase valè alòske se yo ki pote peyi a anpil fwa avèk bèlte yo kreye. Dezyèman, ka Limàn Kazimi an pi grav paske se tankou sosyete a pase yon twal pou li efase lavi atis sa a, tankou li pa t enpòtan ditou. Yo kenbe chante li yo epi yo efase detay lavi li tankou li p at janm egziste.
Mwen kontan anpil pwojè sa a k ap ede timoun, jenn ak tout lòt Ayisyen ki enterese gen plis enfòmasyon sou moun, fanm kou gason, ki make istwa peyi a. Nou gen yon pwoblèm memwa nan peyi a, nou bliye fasil, lavi a tèlman di bò isit, se jounen jodi a ki la anfas nou, nou bliye yè, nou bliye avantyè, alòske si nou pa gade dèyè detanzantan nou p ap konprann ki wout pou nou fè pou nou rive pi lwen. N ap repete ak zòt, Ayiti pa remèt anyen. Gen anpil moun ki akonpli bèl bagay isit. Li lè li tan pou nou aprann ki moun yo ye, pou nou bese chapo devan yo.
Mwen remèsye moun ki te konnen Limàn Kazimi e ki te aksepte pale m de li. Mwen te konsilte tout sa mwen te ka jwenn sou entènèt, men pa t gen anpil nouvo enfòmasyon. Liv ki bay plis enfòmasyon se Mémoire de Femmes Jasmine Claude-Narcisse ekri ak kolaborasyon avèk Pierre-Richard Narcisse. Se atik sa a majorite sit sou entènèt yo reprann.

Limàn Kazimi
Yon tifi, yon ti kòmè pwovens
Ki rive Pòtoprens
Vini chache lavi
Yon tifi, san fanmi san zanmi
Yon gita anba bra l
Ak yon espwa nan vwa l
Lè l kanpe, lè l kanpe pou l chante
Wosiyòl k ap pase vin poze pou tande
Se konsa anvan 1 an pase
Bèlè kou Bwavèna se de li y ap pale.
Nan yon ti kay san limyè
Ki te nan lakou Fò Senklè
Genyen yon fi ki pwatrinè
Se la yo di l remize
Gen yon sèl moun k ap okipe l
E se pa toulejou l vini
Se de twa timoun nan vwazinay
Ki konn fè ti goutay
Pou ba li manje
San konnen se yon dènye zanmi
Se yon dènye fanmi:
Limàn Kazimi
Lè l mouri, lantèman l ap chante
Tout moun li te fè byen yo youn pa prezante
Men se te yon jounen san solèy
Syèl la t ape kriye tout nyaj yo te pran dèy
Pye lorye ki gen sou plas Sentàn
Yo pliye yo panche pou yo salye Limàn
E nan van, nan van ki t ap pase
Gen moun ki fè sèman yo tande l ap chante
                                       Jean-Claude Martineau (Koralen)




-Evelyne Trouillot

mardi 11 septembre 2012

Vwayaj literè



c. Le Coin de Pierre-Génie civil


Vakans twa mwa se okazyon pou anpil moun pwofite fè yon deplase, wè yon peyizaj ki pa menm ak sa yo wè chak jou a, rankontre lòt moun, lòt kilti. Ane sa a, tout vwayaj mwen fè pandan vakans lan se anndan peyi a. Li enpòtan pou mwen pou pitit fi m pa konnen sèl Pòtoprens. M panse tout ti ayisyen ta dwe konn peyi yo, pou yo wè sa k bèl lakay yo epi tout richès ki genyen.

Se nan ide sa a, nou te vizite MUPANAH (Mize Panteyon Nasyonal Ayisyen), ki la nan Pòtoprens lan, men se premye fwa nou te deside al vizite l en famille. Gid nou an te ba nou anpil enfòmasyon sou diferan epòk istorik yo. Timoun yo te byen kontan wè epe Desalin avèk kouwòn Adelina Soulouk. Anvan nou te kite mize a, mwen te li kèk paj nan liv vizitè a. Li fè m wè jan mize a ak tout sa k ladan l yo enpòtan pou noumenm ayisyen, pou nou kapab jwenn tras konkrè istwa nou, pou nou sonje kote nou sòti ak sa nou reyalize.

rantre Fò Jak
C. Rémy
Pitit mwen potko gen 2 mwa premye fwa m te mennen l Fò Jak. Kòm mwen sispèk li ka pa sonje premye vizit sa a, nou te tounen ankò ane sa a. Fò a deteryorye anpil. Gen kèk kanon ki la toujou, men fò a merite yo fè anpil travay ladan l. M sonje lè m te lekòl, direksyon an te konn òganize vizit Fò Jak. M pa konn si sa fèt toujou. Men sòti sa yo gen tout enpòtans yo pou timoun yo kapab apresye istwa peyi a kòm yon bagay ki te egziste tout bon, pa sèlman yon seri pawòl ki ekri nan liv. 

Pandan vakans yo, nou te ale Jakmèl tou. Jakmèl gen repitasyon tankou youn nan vil kiltirèl ki pi enpòtan nan peyi a. Lè nou te ale a, se pat epòk kanaval, ni nou pat vizite atelye atizana. Men apresye anbyans vil la sèlman, wè yon seri kay ki la depi lontan te kont -- san n pa bliye benyen nan lanmè! Epi depi m al Jakmèl, mwen sonje Hadriana dans tous mes rêves. Se kòm si mwen wè wout machin lan te fè ak Germaine Villaret-Joyeuse… Fwa sa a, se premye fwa mwen te remake nou pase devan Tonm Gato pou n rive Jakmèl. M poko ka rive konnen kote non sa a soti, men ni Syto Cavé, ni Georges Castera ekri tèks sou ti kote sa a.

 E. Ménard


Mwen te toujou tande moun di se Grandans ki pi bèl nan tout depatman Ayiti yo, men tande ak wè se de. Ane sa a se premye fwa m vizite Jeremi ak kèk lòt kote nan Grandans ak Sid la tankou Kanperen, Dam Mari, Ans Deno… M kapab di vre pou sa mwen konnen nan peyi a (m poko fin wè tout kote!), se Grandans lan ki pi bèl vre. 
Pandan mwa jiyè a, mwen te li dènye liv Kettly Mars la : Aux frontières de la soif. Nan liv sa a, pèsonaj yo soti 
Pòtoprens pou rive Zabriko. Mwen te kontan kapab suiv menm wout ak pèsonaj yo. Jean-Claude Fignolé parèt nan liv la. Konsatou, lè nou rive Zabriko, nou menm tou nou te wè Jean-Claude.


Se yon bagay mwen toujou renmen, pou mwen li liv kote istwa a ap dewoule yon kote mwen konnen. Lè m tap prepare doktora m, m te li plizyè liv Henri Lopes. Yo te fè yon gwo enpresyon sou mwen epi banm anvi konnen peyi li : Kongo Brazavil. M espere yon jou m a rive fè vwayaj sa a. Antouka, lè m rive Jeremi, mwen sonje Les Chemins de Loco-Miroir; map imajine kote Violaine te rete, kote Alexandre te abite, ki kote yo te konn rankontre. M si prochenn fwa m li liv sa a, map li l yon lòt jan. Konsatou, se apre vwayaj sa a, mwen li de liv Syto Cavé: Une rose rouge entre les doigts et Qui d’un soir. Jeremi ak tout Grandans lan travèse tèks yo. M gen enpresyon si m te li yo anvan m te fè vwayaj sa a, mwen pa tap rive byen sezi tout sa tèks yo ap di. Gen imaj mwen pa tap ka wè byen. Map tou pwofite di pou fanatik Alan Cavé yo, si nou renmen chante « J’ai besoin de toi » a, nou met chèche li « Chanson » Syto Cavé a:

                                               ...
                     Je t'aime à faire braire la ville
                     Dans son décor d'acier et de béton
                     En lettres capitales je gueule ton nom
                     Sur ce brouillon d'asphalte
                    Jusqu'au python du quai
                     Et la mer à mes pieds bouillonne
                     Puis se fige comme du papier mâché
                    Je suis un vieux rocher
                    Que la mer a sculpté à la mémoire d'un grand désastre
                    Je suis la plus belle catastrophe qu'ait inventée l'amour
                                                       ...

Vwayaj mwen fè pandan vakans lan te pemèt mwen aprann anpil bagay sou istwa peyi a. Pa egzanp, mwen pa t janm konn enpòtans Bomon nan endistri kafe a. Youn nan pi bèl moman m panse pandan ete a se chita sou yon galri Bomon ap bwè kafe. Men vwayaj la se te sitou yon fason tou pou mwen kontinye ekri istwa Ayiti pa m lan. Nou chak gen youn. Nou ka fè l pi rich si nou chèche alimante l. Nan ane 1998, Cultura te soti yon nimewo spesyal ki rele Voyage à l’intérieur de nous-mêmes kote plizyè ekriven te gen pou kreye yon tèks apre yon vwayaj yo fè anndan peyi a. An 2009, Asosyasyon Etonan Vwayajè Ayiti a pibliye yon atlas literè ki rele Haïti par monts et par mots. Ladan l plizyè otè ekri sou diferan kote nan peyi a : yon vil, yon katye, yon kay. Si m te konn ekri, tèks pa m lan, m tap fè l sou Jeremi. 

Mwen remesye C. Rémy ak E. Trouillot, ki pèmèt mwen sèvi ak foto yo pran pandan vwayaj nou yo ak R. Legagneur ki te òganize vwayaj Jeremi a. 

NM




vendredi 17 août 2012

On Photography: Régine Romain

For our anniversary post a few months ago, I mentioned wanting to incorporate more forms of cultural expression in the content we cover here at Tande.  This post is inspired by that desire in regards to what is called "visual culture."   As I complete the edits for my book manuscript, I have been thinking about photography and images a lot because some of the texts I analyze are visual images of the Rwandan genocide. In relation to Haiti I have often been preoccupied by the question of media images in the USA--which images get circulated, who are they taken by, why are they made popular, and what they convey. More often than not, the answers to these questions fall dismally in line with the predominant stereotypes of Haiti in the international lens. Though I am often the first person to critique these "media images" of Haiti, I think what is more important than critiquing the different images that are out there, is to find alternative visions, images, and lenses (in fact some of the comments to my last post generated a discussion about this issue as well).  

I recently had a wonderful conversation with Régine Romain, an artist who represents one such view.  She literally makes use of her camera lens to project a different vision of Haiti that diverges from what we see in the popular (US based) media.  In particular her "post-earthquake" photography intentionally sought to transform and challenge the proliferation of images that were being published by media outlets in the USA.  As a Haitian living in the diaspora, she felt it was important for her to return to Haiti to "see" for herself in order to expand her own vision. Romain's artistic statement reveals the depth of this vision
 


"Ayiti 
put a spell on me.
From inception
deep, beyond my mothers womb
her waters nourished me,
birthed me.
Ayiti
put a spell on me
and to know me
is to see her.
My magic is her spell." 

-Regine Romain © Ayiti (Haïti), February 2010


Much of her work focuses on this spell. Romain's images are striking in terms of the angles, the poses, the faces.  She focuses on faces rather than bodies, perhaps in direct contrast to how, especially in the aftermath of the earthquake, Haitian bodies were highlighted, objectified and spectacularized.   Instead, Romain focuses on faces, eyes set in close up, looks defiant and looking directly into the camera without a trace of shyness. With the"Ayiti:  Reaching Higher Ground" exhibition, Romain features series of photos that were taken after the earthquake. The exhibit began at the Brooklyn Museum and is available for viewing at the Schomburg. 

Susan Sontag has written in depth about the uses of photography and the consumption of images in her books On Photography (1977) and Regarding the Pain of Others (2004) both of which consider the objectifying lens of the camera in documenting atrocity and suffering.  Given some recent videos and slideshows published this week courtesy of The New York Times, I am reminded that when it comes to "seeing" Haiti who is doing the looking and how they look is of extreme importance.  While Sontag spends a lot of time detailing what is wrong with images of suffering, she offers few alternatives.  Today we can look to Romain and other photographers such as Daniel Morel as artists who use their lens to show audiences how to see differently by offering breathtaking counter-images.

Photo Credit © Regine Romain, Port-au-Prince, Haiti
In her photoessay "Ayiti: Reaching Higher Ground" Romain explains what motivates her work: "I am her storyteller, offering insight into the lives of Haïti’s extraordinary yet often marginalized and misrepresented people. I look into the black space, into the black face that is often overlooked. People of color are analogous to the black space in the negative of a photograph. We are often the backgrounds that allow the foreground to be seen. I share the remarkable stories of my people to dismantle this paradigm" (Meridians: feminism, race, transnationalism 2011, vol. 11, no. 1, pp. 132–140). 

As the images clearly demonstrate, Romain is successfully using photography to tell a different story about Haiti that is not often captured through the mainstream lens.   
I have included in this post some photos of her work, more of which can be viewed here. I encourage you to take a look!

RMJC

samedi 4 août 2012

Olympic Pride & Prejudices

I was actually preparing a different post when I came across this story about Samyr Laine, the Haitian-American Olympian who is representing Haiti rather than the US.  This story moved me as I imagined what it must be like for the parents of this young man to know that they raised a son lot bo who has such prove for and allegiance to their native land.  I thought of my parents, who often marvel at my own passion for Haiti despite the fact that I was not born or raised there.  I thought of my sons and how my husband and I have joked about whether they would represent Haiti or Ghana in the World Cup.  Once I emerged from the fog of my emotions I began to think about Haiti and the Olympics in general and the questions of who represents where and why.  Then I discovered that of the 5 Olympians representing Haiti only 1 currently lives there or has Haitian citizenship.  This is, according to some, problematic [NB I found that article to be very troubling in its tone myself...].   How do we understand the involvement of Haitian-Americans who represent Haiti in the Olympics?  Is there some way to think about their participation that isn't just about identity politics?  Does citizenship matter as much in a worldwide event such as the Olympics?

What also struck me about these articles is how each one seems to link the Haitian-American athlete's desire to represent Haiti to post-earthquake Haiti.  To "lift the spirits of Haitians" as one article puts it, or, "to give hope to the people who have none."  It seems sometimes like another path to a familiar storyline.  Regardless of how the story is spun, the fact is that those participating are proud to represent Haiti in the Olympics and will stand united together as they do.  Here are their names and their events:

Linouse Desravine--judo
Jeffrey Julmis--100-meter dash
Moise Joseph--800 meters
Samyr Laine--triple jump 
Marlena Wesh-- 200 & 400-meter races

Some of these events have already happened, did you follow and who were you rooting for?  Did you root more passionately for Linouse Desravine in judo than you will for those in the other events?  Will you be paying attention to the Haitian representation in the Olympics?

RMJC

vendredi 20 juillet 2012

Mèsi Roro

Une cérémonie d'hommage à Michel-Rolph Trouillot a eu lieu au Centre Culturel Anne-Marie Morisset le mardi 17 juillet dernier. Nous partageons avec vous un extrait du texte lu par Evelyne Trouillot, la soeur de Rolph ainsi que des extraits d'un poème inédit écrit par Roro il y a plusieurs années. 
Merci d'avoir partagé avec nous ce moment de recueillement. Nous vous invitons à revenir visiter ces pages dédiées à Rolph aussi souvent que nécessaire. Vous retrouverez très prochainement sur Tande les réflexions sur la culture et la littérature que nous prenons plaisir à partager avec vous. 




[...] Puis je me suis mise à penser à Roro, à ce grand-frère qui avait si souvent fait barrage entre les blessures du monde et moi. Au garçon efflanqué qui rentrait de St Martial avec plein d’histoires à raconter. Je revois ce grand jeune homme au sourire malicieux et au regard profond. Je sens la force de ses bras quand il me serrait contre lui pour étouffer mes peurs de petite fille, accordant à chaque futilité l’immensité de sa tendresse. Je l’entends dire les paroles du Petit Prince qu’il avait joué à une représentation scolaire au Petit Séminaire. Je le vois grimper dans une jeep pour aller aider les rescapés d’un cyclone particulièrement dévastateur. Je le revois, guitare à la main, en train de chercher la mélodie parfaite pour la dernière chanson de Tanbou Libète. Je l’entends nous lire les premières pages de Ti dife boule, et je voudrais simplement qu’il soit encore là, avec cette intelligence extraordinaire que nous acceptions tout naturellement parce qu’elle faisait partie de lui, avec son humour qui jaillissait irrésistible, irréductible. Cet humour que la maladie et la douleur physique n’ont jamais pu briser et que j’ai retrouvé dans sa voix, il y a quelques jours, au téléphone, quand nous nous sommes parlé pour la dernière fois. 


                                                                         ***
[...] Comment définir un individu ? Qu’est-ce qui marque une vie ? Comment nous marque-t-elle ? Comment parler de Roro et ne pas mentionner ses étudiants dont les mots de sympathie racontent son engagement envers eux, ce souci qu’il avait de faire un lien constant entre les connaissances et la réflexion et les réalités qui nous entourent, réalités qui souvent demandent à être changées? Il a initié chez beaucoup d’entre eux cette relation féconde et profondément humaine entre les études académiques et la vie, entre le savoir et les autres.  Cette connexion sans laquelle les diplômes accumulés ne constituent que des marques de pédanterie stériles et banales. Comment parler de Roro sans parler de sa guitare et des chansons qu’il composait pour ses amours,  comment parler de lui sans penser à Ti dife boule ou à Silencing the past ? Mais comment parler de lui et signifier qu’il était bien plus que tout cela, qu’un individu ne peut se réduire à l’ensemble de ses actions, qu’il surgit dans un sourire au coin des yeux, dans une main tendue un matin d’hiver à Chicago, dans un éclat de rire partagé à Saint Antoine il y a bien longtemps, dans l’écho d’une voix au téléphone. Je me suis souvenue aussi de ses yeux la dernière fois que nous nous sommes vus, je l’avais compris qu’il était fatigué,  qu’il en avait marre, il me l’avait dit aussi vrai que les paroles entre nous n’avaient pas besoin de mots, et je n’avais pas pu l’accepter. Mon grand-frère était fatigué. A moi, à nous d’apprendre aujourd’hui à gérer la douleur de vivre sans lui, à vivre avec le bonheur de l’avoir connu.
                                                                       ***

[...] Mwen tonbe son yon lo powèm inedi Roro te voye ban mwen. Petèt li te voye yo bay lòt moun nan fanmi an tou, jan li te abitye fè. Pwobableman li ta pral mete mizik sou yo jan li te abitye fè. Mwen te genyen yo nan tiwa m depi lontan. Se sèten mwen te li yo, reli yo plizyè fwa deja. Chak fwa mwen t’ap fè yon gran mennaj nan papye m yo, mwen te feyte yo epi mwen te ranje yo nan fon tiwa w jiska pwochen netwayaj la. Natirèlman, fwa sa a, mwen chita pou mwen reli powèm yo. Papye a make 26 desanm 1995. 17 lane deja, 17 lane sèlman. Lè mwen kòmanse li tèks yo malgre je m ta p koule dlo mwen te kontan mwen jwenn yon bout kòd m pou anpeche m tonbe nan fon twou a, yon ti limyè pou moman sa a, yon pawòl ki pa pran tèt li oserye men ki respkete lavi, yon pawòl ki marye ak reyalite peyi a, yon pawòl ki gen anpil jenerozite ak imanite, yon pawòl ki si tèlman sanble Roro li klere poukont li. Li rete nan kè w san w pa fòse. Mèsi Roro.


-Evelyne Trouillot

                                                        
                                                   Isit nan syèl
                                                                                                                      
                                                               Si yo frape pòt la
                                                               di m pa la

                                                               di m al chache travay byen lwen
                                                               di m pran bato al Senmaten
                                                               di m kouche lopital Ziltik
                                                               di y arete m pou politik

                                                               pa di se mouri mwen mouri
                                                               mwen pa bezwen zòt konn afè n
                                                               si yo mande pou mwen
                                                               di m pa la

                                                               isit nan syèl m ap fè lago
                                                               ak zanj bondye
                                                               kè mwen kontan
                                                               se vre m sonje w detanzantan
                                                               eske w toujou danse
                                                               kongo

                                                               Michel-Rolph Trouillot
                                                               26 desanm 1995
                                                               (ekstrè. tout dwa rezève)